La Galerie de Rouen

Une enseigne aux petits soins pour l’art a élu domicile rue de l’Hôpital : La Galerie de Rouen, qui déploie tout un éventail de peintures du XXe siècle proposées à des prix particulièrement abordables. Une palette de talents signée Julien Galichet.

Avec ses murs couverts de peintures, La Galerie de Rouen serait-elle l’un des tubes de l’été ? L’établissement lancé le 26 juin a pris un départ canon, en tout cas : le 33 rue de l’Hôpital était noir de monde pour le vernissage, et depuis, sa fréquentation donne le sourire au directeur Julien Galichet. Il ne se passe pas une journée sans qu’il fasse une vente.

Il faut dire que l’emplacement joue en sa faveur. Après avoir tenté en vain de s’implanter rue Damiette, l’homme ne regrette pas de s’être rabattu sur la très passante rue de l’Hôpital. Précisément, dans les locaux tout en longueur de l’ex-boutique Shilton (marque de vêtements de rugby).

« J’ai démarré avec 99 % de tableaux en provenance de la collection d’un partenaire de Bois-Guillaume, ex-élève de l’Ecole Boulle et actuel élève de l’Esadhar (Ecole Supérieure d'Art et Design Le Havre-Rouen). Il m’a ouvert son carnet d’adresses et m’aide à choisir les œuvres, j’apprends à son contact. Aujourd’hui la moitié des toiles présentes ici font partie de sa collection. »

Les murs sont tapissés de peintures, au total une centaine de créations sont disponibles, avec jusqu’à 10 nouveautés chaque semaine. « Cela va de l’idée de cadeau à 150 €, le tarif de base, à la pièce de collection à 1 000 €. Le prix inclut toujours l’encadrement, auquel j’apporte une attention spéciale. Souvent je le réalise moi-même ou je le retouche. J’assure cette prestation en m’appuyant sur ma formation auprès de la Meilleure Ouvrière de France, Sylvie Dupont, à Louviers. »

Comme son nom l’indique, La Galerie de Rouen est spécialisée dans les artistes de la ville. « Tous les peintres présentés ici sont référencés, connus. Un panorama de la peinture du XXe siècle se développe sur les murs, depuis l’impressionnisme jusqu’à l’abstrait. Au commencement il y a l’Ecole de Rouen, avec des références locales comme Léonard Bordes, Eugène Tirvert et Pierre Le Trividic, La suite a pour fil conducteur les artistes sortis de l’Ecole des Beaux-Arts de Rouen. »

Parmi ces derniers, dans la catégorie des vivants, on trouve des noms comme Gérard Rémigéreau, Françoise Ramier, Louis Runemberg… ou un certain André Galichet. Il s’agit du père de Julien. Architecte d’intérieur de son état, peintre amateur. « A partir de mes 5 ans, ma famille m’a trimballé de musée en monument, de galerie en atelier. J’ai en pris plein les yeux ! Mon goût et ma sensibilité se sont forgées à travers cette expérience. »

Natif d’Evreux, bachelier à Elbeuf, Julien Galichet a rencontré Rouen pour ses études d’ingénieur : diplômé de l’Esigelec à l’époque où l’école était encore basée sur le campus de Mont-Saint-Aignan. En créant La Galerie de Rouen, il prend un virage professionnel radical, après 20 ans dans la peau d’un ingénieur aéronautique.

« J’ai été embauché dans le cadre du passage de l’Airbus A380 du mode prototype à la production en série. Je travaillais chez Safran Aerosystems, à Plaisir, dans les Yvelines. J’ai été rattrapé par ma passion pour l’art alors j’ai fait mon retour aux sources à Rouen il y a un an. »

Ainsi va Julien Galichet, porté par l’envie de diffuser la peinture du XXe siècle avec « un maximum de diversité, le plus possible de styles et de techniques, de l’aquarelle à la gouache en passant par le lavis, le dessin ou l’huile. » Après une exposition Alain Michel Boucher, pur produit de l’Erba de Rouen des années 70, en octobre, il envisage deux expositions pour le début d’année prochaine : l’une dédiée au Jurassien Roland Gaubert (1914-1997), qui a côtoyé Matisse à Paris, l’autre consacrée au Fécampois Jef Friboulet (1919-2003).

L’ex-ingénieur s’ingénie à dénicher des trésors picturaux. Sa reconversion lui donne des ailes. Il ne conçoit plus de pièces d’avion mais remue ciel et terre pour distribuer des pièces de collection.