Portrait du Mag : Emilie Le Bigre, secours magistral

Publié le : 
Mercredi 3 décembre 2025 - 07h00
Thème d’actualité : 
solidarité

Sa mission : déployer des trésors de solidarité en faveur des plus démunis. La directrice de la Fédération de Seine-Maritime du Secours populaire incarne avec intensité une association qui fête ses 80 ans au niveau national et ses 60 ans pour l’antenne de Rouen. La tête pensante du réseau.

Tous solidaires du Secours populaire pour son 80e anniversaire ! La Fédération de Seine-Maritime a marqué le coup à Saint-Etienne-du-Rouvray le 7 novembre dans le cadre de son 30e congrès départemental. Lequel a vu la présidente Emilie Le Bigre passer la main à Florence Demiselle après six ans de bons et loyaux services bénévoles. Un simple ajustement pour mieux respirer.

Pas question pour Emilie Le Bigre de quitter son bureau du siège de la rue Poterat, elle reste directrice de la Fédération, poste salarié qu’elle occupe depuis une décennie. "Je me repositionne, je quitte ma double casquette. Avec deux enfants, un mari, des moutons d’Ouessant dans mon jardin, cet engagement de secrétaire générale bénévole était dur à gérer en plus de mes fonctions de cheffe d’orchestre et de pompier !"

Pompier ? Une image, référence aux situations dramatiques qu’il faut éteindre quand le Secours populaire est le dernier recours de citoyens en détresse extrême. Cheffe d’orchestre ? "Je suis à la tête d’une entreprise solidaire qui compte 9 salariés, des services civiques et 1 200 bénévoles. La Fédération de Seine-Maritime du Secours populaire est la plus grosse de Normandie, avec 25 000 personnes aidées en 2024. C’est 70 % de plus qu’en 2014… La proportion de seniors et d’étudiants a triplé sur cette période. En moyenne, les personnes que nous accompagnons ont un reste à vivre de 3,21 € par jour."

Aux commandes d'un budget d'1,9 M€

Le tableau dressé par Emilie est sombre. "Thermomètre social, le Secours populaire est l’aiguillon des pouvoirs publics", assure cette juriste de formation (master de droit public et master de droit humanitaire). Née à Rouen en 1979. Mère rouennaise, prof de français ; père rouennais, banquier. Amie des chiffres. "Le Secours populaire a un budget d’1,9 M€ pour les 17 structures de Seine-Maritime. 40 % de nos ressources proviennent de nos 3 200 donateurs. Je gère en bon père de famille", glisse-t-elle dans un sourire malicieux.

Emilie manifeste une sensibilité vaguement rebelle. Elle a grandi 16 ans à Evreux jusqu’à son exclusion du lycée Aristide-Briand. "Mes parents m’ont mise ici à Jean-Baptiste-de-la-Salle, d’où je me suis aussi fait virer, mais seulement du pensionnat." Elle ne sera ni huissière ni avocate. Au départ, responsable de l’Observatoire de l’habitat à la Communauté de l’agglomération rouennaise. Sa carrière passe par le Samusocial de Paris, comme coordinatrice du pôle Familles, puis par l’Afev (Association de la fondation étudiante pour la ville) en tant que déléguée territoriale pour Rouen Evreux.

Quatre ans après avoir reçu la médaille de l’ordre national du Mérite en 2021, la voilà donc délestée d’une partie de sa mission d’utilité publique. "Je vais pouvoir intégrer le conseil d’administration de l’Autobus Samusocial de Rouen. A l’époque où j’y étais bénévole, j’avais créé une bibliothèque dans le camion de maraude." Elle s’y connaît, forte de sa collection d’un millier de BD. Je m’appelle Emilie, je lis.

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