Portrait du Mag : Hervé Aguillard, homme cinéma

Publié le : 
Mercredi 3 septembre 2025 - 14h10
Thème d’actualité : 
culture

Il y a peu, l’Omnia République a été reconnu comme une référence nationale des cinémas "Art & essai". Belle occasion de braquer les projecteurs sur son directeur. Gros plan sur un homme habité par le 7e art, où il joue un rôle moteur : Hervé Aguillard et essai.

Clap clap ! L’Omnia République aborde cette rentrée scolaire auréolé d’une note d’appréciation de 20/20 attribuée par le CNC (Centre National du Cinéma) en juin. L’établissement voit même le renouvellement annuel de son classement "Art & essai" s’enrichir de cinq labels : "Recherche et découverte", "Jeune public", "Patrimoine et répertoire", "15-25 ans", "Court métrage".

"Cinq labels, c’est le maximum, sourit le directeur Hervé Aguillard. Avec 92 % de séances Art & essai, l’Omnia se distingue au niveau national dans sa façon de remplir sa mission au service du cinéma d’auteur. La Commission nous félicite pour la diversité de la programmation et les animations. Avec 300 000 entrées annuelles, on est dans le peloton des cinq plus importants cinémas Art & essai de France."

Cette distinction, Hervé Aguillard la partage avec le programmateur maison Jean-Marc Delacruz, à qui il confie l’entière responsabilité des films à l’affiche des 8 salles. "Je suis en contact permanent avec lui pour les grands choix et les orientations éditoriales majeures mais pour le reste je lui laisse carte blanche. Sauf pour les cycles Cinéma de quartier et L’Ecran fantastique, que je porte personnellement ; ce sont mes petites bulles dans la programmation."

20 ans de direction avant de rompre avec le cinéma commercial

Dans son panthéon de cinéphile, deux piliers : Hitchcock et Kubrick. Côté Hexagone, l’œuvre intimiste de Claude Sautet le fascine. Romy Schneider aussi. "Pour moi, un film comme César et Rosalie, c’est le top du top." Le 7e art, une machine à rêves ? Le sens des réalités d’abord. "La gestion prend la moitié de mon temps. Je suis avant tout un chef d’entreprise, je gère une équipe de 12 salariés, les relations avec les fournisseurs, la comptabilité, la communication auprès des médias…"

En partant du principe que rien n’est gagné, même au bout de 15 ans d’existence de l’Omnia. "Un tel cinéma, en délégation de service public, c’est une économie très fragile. On ne touche pas d’aide des collectivités ; on paye une redevance à la Ville, propriétaire des murs ; la subvention annuelle de l’Etat ne représente que 5 % du chiffre d’affaires et la prime de soutien de l’Europe 3 %."

Hervé Aguillard ne choisit pas le confort mais la liberté quand il lance l’Omnia en 2010 avec l’exploitant Richard Patry, patron du groupe Noé Cinémas. Un virage après 20 ans à la tête de complexes pour des circuits : Gaumont à Rennes, ensuite UGC à Créteil, avant d’ouvrir un UGC Ciné Cité à Saint-Herblain (le premier de France, en 1996) et de récidiver à Mondeville puis à Rouen Saint-Sever (pour un septennat).

Le natif d’Angers se voyait à l’origine journaliste ou professeur de français. L’étudiant en lettres modernes officiait comme animateur sur la radio libre Angers 101. Une rencontre amicale issue de ses chroniques ciné lui permit de prendre les commandes d’une salle naissante vers Limoges, le Colisée. Voilà aujourd’hui Hervé Aguillard parmi les empereurs du cinéma d’art et d’essai. Un chef de fil(m)e. 

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