Restauration de l'abbatiale Saint-Ouen

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La restauration de l’Abbatiale Saint-Ouen lancée en 2021 concerne plusieurs parties de l’édifice, et est découpée en plusieurs étapes clés. L’ensemble des travaux est prévu de s'achever en 2024.

L'histoire de l'abbatiale

Les origines de l’abbaye Saint-Ouen

Eglise principale et jadis réservée aux moines de l’ancienne abbaye de Saint-Ouen, l’abbatiale Saint-Ouen marque, à l’instar de la cathédrale, le paysage de Rouen.

De la nécropole d’origine à l’église paroissiale actuelle, des premiers bâtisseurs du Moyen Âge aux architectes, restaurateurs, charpentiers, couvreurs, maçons, aux hommes et aux femmes qui oeuvrent aujourd’hui sur le chantier, elle est le fruit d’une longue histoire qui se perpétue toujours...

De la nécropole à l’abbatiale romane...

La présence d’un vaste cimetière sur le site est attestée dès le VIe siècle ; c’est là qu’une basilique Saint-Pierre destinée à abriter la sépulture de saint Ouen, évêque de Rouen au VIIe siècle, aurait été édifiée de son vivant. Après sa mort, la basilique vouée à son culte devient un centre de pèlerinage.

C'est probablement au VIIIe siècle que l'archevêque de Rouen, Rémy, introduit la règle bénédictine à Saint-Ouen et y fonde une abbaye. Au IXe siècle, les invasions Vikings obligent les moines à s'exiler dans l'Eure où ils emportent les reliques de leur saint. Ce n’est qu'après la création du duché de Normandie en 911 que les moines reviennent à Rouen.

Grâce aux donations des premiers ducs de Normandie, au XIe siècle, de nouveaux bâtiments monastiques sont érigés ainsi qu'une grande église romane, à l'emplacement de la basilique, par l'abbé Nicolas de Normandie.

Au cours des deux siècles qui suivent, de violents incendies endommagent l'église abbatiale et les bâtiments monastiques. Alors que ceux-ci sont reconstruits, comme le cloître ainsi que le mur d'enceinte entourant l'abbaye, le chevet de l'église abbatiale s'effondre en 1318. Seule la Tour aux Clercs résiste et demeure visible depuis les jardins de l’Hôtel de Ville, côté bassin.

De l’abbatiale gothique à aujourd’hui

Au XIVe siècle, l'abbaye atteint l'apogée de sa prospérité sous l'abbatiat de Jean Roussel, dit « Marc d'Argent », alors à la tête de l'un des monastères les plus riches de Normandie. Il entreprend dès 1318 la construction d'une église gothique grandiose dont le chantier va durer deux siècles. En 1339, le choeur est levé, voûté et vitré, les piles du transept et la première travée de la nef sont commencées.

En raison du ralentissement des travaux pendant la guerre de Cent ans, le transept n’est achevé qu’au milieu du XVe siècle et la tour centrale commencée jusqu'au 1er étage.
La nef est réalisée ensuite en tranches successives et est terminée en 1549.
Le portail occidental est encore inachevé avec ses deux tours de biais qui sont élevées jusqu’à la hauteur de la rose. Les guerres de religion de 1562 et les besoins dispendieux d’abbés peu scrupuleux – qui grâce au système de la commende prélevaient leurs propres revenus sur les biens de l’abbaye - entraînent le déclin de l'abbaye durant la fin du siècle.

Il faudra attendre 1660 et la reprise en main de l'abbaye par des moines de la stricte congrégation de Saint-Maur pour que l’abbaye retrouve un rayonnement intellectuel. L'église gothique ne fait cependant l'objet d'aucun chantier et au XVIIIe siècle seuls les bâtiments monastiques font l’objet de travaux.

A la Révolution, après la dissolution de la Congrégation de Saint-Maur en 1790, les moines sont expulsés et l'abbatiale est convertie en atelier de forge pour la fabrication d'armes. Elle est rendue en 1801 au clergé catholique et le mouvement romantique et le regain d'intérêt pour les monuments gothiques qui se développent tout au long du XIXe siècle conduisent à la reconstruction de la façade occidentale.

Après diverses polémiques sur la question de la destruction des amorces des tours du XVIe siècle, le projet de l'architecte Grégoire est retenu. La construction achevée en 1851 fait l'objet de nombreuses critiques qui portent sur l'aspect colossal du portail et des tours latérales masquant la tour couronnée.

Aujourd'hui, l'abbatiale reste affectée au culte. Elle est largement ouverte au public et est aussi le lieu d'événements culturels et notamment de concerts et festivals dédiés aux orgues.

Architecture de l’église abbatiale gothique

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A l’extérieur

A l’est, la série d'arcs-boutants et les culées surmontées de pinacles d'où surgissent les gargouilles, offre au chevet une architecture élégante et légère dominée par la tour couronnée et sa dentelle de sculptures flamboyantes qui abrite les cloches et qui s’élève à une hauteur de 80 mètres du sol.

Au sud, le portail dit des Marmousets date des XIVe et XVe siècles. Orné de deux clefs de voûte pendantes, il est sculpté de quarante médaillons retraçant la légende de l'évêque saint Ouen.

A l’ouest, La façade occidentale, réalisée au XIXe siècle par l’architecte Grégoire, s’inspire de la façade harmonique, création architecturale anglo-normande du Moyen Age. Formant un H, le centre de la façade est percé de trois portails flanqués de deux tours.

À l'intérieur

Qui n’a pas un jour confondu l’abbatiale Saint-Ouen et la cathédrale Notre-Dame de Rouen ? Il faut dire que l'abbatiale Saint-Ouen affiche des dimensions impressionnantes : 137 m de long et 33 m de hauteur sous voûtes !

Malgré deux siècles et demi de travaux, l’édifice présente une magnifique unité architecturale que vient renforcer l’absence de mobilier donnant ainsi toute sa place à l’élancement et à la majesté de l’édifice.

De façon presque discrète, seule la forme des nervures des pierres des fenêtres évolue du décor rayonnant (de forme ronde) dans le choeur du XIVe siècle au décor flamboyant (de forme allongé comme des flammes) de la nef construite aux XVe et XVIe siècles.

Mais l’apparent dénuement de l’intérieur de l’édifice ne doit pas faire oublier les trésors qu’il renferme...

Les vitraux

Ils présentent également une unité dans le décor et sa composition. Au niveau des chapelles du chœur et des bas-côtés de la nef, de petites scènes colorées dans un décor d’architecture se détachent sur un fond de verrières claires appelées "grisailles". Ces petites scènes, consacrées à la vie des saints vénérés par les moines, offrent un décor continu car elles sont situées à la même hauteur. Dans les fenêtres hautes, de grands personnages s'inscrivent également sur un fond de grisailles : patriarches (grands ancêtres de l'histoire du peuple hébreu évoqués dans la Genèse ; personnages bibliques de la Genèse) et prophètes de l’Ancien Testament au nord, apôtres, abbés et évêques de l’Eglise au sud.

Le chœur

Dans cette partie sacrée de l'église réservée aux moines, les deux rangées de stalles (sièges en bois fixes installés dans le chœur et réservés aux religieux) ont été conservées. Les chapelles qui s’ouvrent sur le déambulatoire ont conservé, elles, leurs verrières du XIVe siècle. L’une d’elles renferme les tombeaux de trois architectes de l'église.

Au-dessus des grandes arcades, sous le triforium vitré, subsistent des peintures murales du XIVe siècle figurant des anges musiciens.

Les verrières hautes avec le Christ en croix datent des années 60 et sont l'oeuvre de Max Ingrand.
Les grilles forgées sont du XVIIIe siècle et le maître-autel en laiton doré de 1885.

Les roses

Alors que la rose occidentale a reçu en 1992 une verrière contemporaine, celles du transept datent du XVe siècle et présentent au nord la "cour céleste" - dont est entouré Dieu dans la tradition chrétienne - formée par les 9 ordres des anges et au sud l’arbre de Jessé (la généalogie du Christ).

L’orgue

Au-dessus du portail principal, le grand-orgue de tribune Cavaillé-Coll (classé Monument Historique en 1976) a été installé en 1890 dans un buffet de 1630 (classé Monument Historique en 1970). L’instrument a une notoriété internationale et fait l'objet de nombreux enregistrements et d’une attention particulière durant le chantier actuel.

Le calendrier du chantier

La restauration de l’Abbatiale Saint-Ouen lancée en 2021 concerne plusieurs parties de l’édifice, et est découpée en plusieurs étapes clés. L’ensemble des travaux est prévu achevé en 2024.

Afin de faire découvrir au plus grand nombre les coulisses de cette opération, l'entreprise rouennaise Octopus 3D propose une visite virtuelle qui évoluera au rythme des travaux.

Visite virtuelle de l'abbatiale Saint-Ouen à découvrir

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