Rouen au XVIIe siècle
Aux 17e et 18e siècles, Rouen demeure la seconde ville du royaume de France et compte environ 75000 habitants, mais à partir du milieu du 17e siècle, sa population stagne et la ville perd son dynamisme.
Cependant, les Rouennais restent actifs sur toutes les mers, en particulier dans le nord de l'Europe, sur la côte d'Afrique et aux Antilles, ainsi qu'en Nouvelle France, où partent colons et religieux.
Ainsi, on continue de rencontrer des marchands et voyageurs rouennais dans les endroits les plus lointains. Des marchands rouennais sont à l'origine de la fondation de Saint Louis du Sénégal en 1639, dans le but de favoriser le commerce triangulaire, un soldat originaire de Rouen, Abraham Dupuis aide les Chinois à chasser les Hollandais de Taïwan et un jeune orfèvre rouennais, Lepage, cisèle en 1663 une couronne d'or pour un rajah des Indes. Cependant, la région lointaine avec laquelle les liens sont les plus importants est la Nouvelle France : de Rouen partent religieux et colons pour le futur Canada, où Champlain a abordé en 1603. Cavelier de La Salle, un rouennais, découvre le Mississippi et donne à sa région le nom de Louisiane.
Outre le port, la ville est un important centre administratif, doté d'un Parlement, qui fait vivre, outre la noblesse de robe, de nombreux officiers (nom donné sous l'Ancien Régime à ceux qui ont acheté leur charge ou office). Cette noblesse, ainsi que l'importante bourgeoisie enrichie par le grand commerce fait bâtir de somptueux hôtels particuliers, comme l'Hôtel d'Hocqueville (aujourd'hui Musée de la Céramique).
A cette époque, Rouen, comme toutes les villes du royaume est fréquemment frappée par les épidémies, dues à l'absence d'hygiène dans une ville tassée dont certains quartiers sont particulièrement insalubres. La seule institution hospitalière était alors l'Hôtel Dieu bâti au Moyen Age, mais qui ne suffisait plus, c'est pourquoi on entreprit en 1654 la construction de deux bâtiments qui formeront l'Hôtel Dieu (actuelle Préfecture), à l'ouest de la ville. A la même époque, le bureau des pauvres décida d'édifier l'Hospice Général, à l'est de la ville (actuel Hôpital Charles Nicolle).
L'Eglise, de son côté, est très présente dans le paysage urbain. La cathédrale est alors achevée. Des ordres monastiques s'installent à Rouen, et certains fondent des écoles, par exemple la Congrégation des filles de la Providence s'installe à Rouen en 1666 et ouvre plusieurs écoles. Le Collège des Jésuites (actuel lycée Corneille) demeure l'établissement le plus important. Corneille, Fontenelle, Blaise Pascal, vivent ou séjournent à Rouen à cette époque.