Rouen et la Révolution
Les débuts de la révolution à Rouen se déroulent sur fond de crise économique et sociale. La faim connaît son paroxysme au moment de la soudure, pendant l'été 1789, ce qui entraîne des émeutes. Les cahiers de doléances pour les états généraux sont rédigés au printemps ; celui du Tiers État, rédigé par Thouret, fait peu de place aux aspirations des plus pauvres et représente essentiellement les souhaits de la grande bourgeoisie de la ville. La noblesse et le clergé campent sur la défense de leurs privilèges, seule une minorité de la noblesse, représentée par le marquis d'Herbouville, est ouverte aux idées nouvelles issues de la philosophie des Lumières.
La révolution à Rouen est plutôt modérée. Après l'été agité de 1789, les nouvelles institutions se mettent en place, en particulier le conseil général de la commune, élu par les citoyens actifs. Rouen devient le chef-lieu du département de la Seine-Inférieure. Une vie politique se met en place, appuyée sur des clubs et des journaux comme le Journal de Rouen.
À Rouen comme ailleurs, le problème qui se pose très rapidement est celui de la constitution civile du clergé, avec la division du clergé en jureurs et réfractaires et la nationalisation des biens du clergé.
Pendant la période jacobine, Rouen, bien que plutôt favorable aux Girondins, ne participe pas à l'insurrection fédéraliste, qui se déroule pourtant dans des régions proches, en particulier en Basse-Normandie. Par ailleurs, il n'y a pas d'excès répressifs : de nombreuses arrestations mais pas d'exécutions capitales. La Terreur a surtout pour effet l'application du maximum des prix et des salaires et la déchristianisation : la cathédrale est transformée en temple de la Raison et Saint-Ouen en manufacture d'armes.
De même que la période jacobine fut relativement modérée, la période thermidorienne ne voit pas à Rouen l'équivalent de la terreur blanche. Comme ailleurs, la misère est grande de 1794 à 1797 ; en l'an III, on recense à Rouen 50000 indigents sur une population de 80000 habitants. Cela amène de nombreuses émeutes populaires. La situation s'améliore à partir de 1797.