Délibération 0-7 du Vendredi 15 décembre 2006
VILLE DE ROUEN - CONSEIL MUNICIPAL – SEANCE DU 15 DECEMBRE 2006
RAPPORT AU CONSEIL MUNICIPAL
VOIE PUBLIQUE
DENOMINATION
RUE MONTAIGNE ET RUE RENE DRAGON
M. Pierre ALBERTINI, Maire,
présente le rapport suivant :
MESDAMES,
MESSIEURS,
Le présent rapport a pour objet de vous proposer la dénomination des deux rues situées de part et d’autre du « Carré Pasteur » : l’une située dans le prolongement Sud de la rue Dumont d’Urville, l’autre dans le prolongement Sud de la rue du Pré de la Bataille. La première serait dénommée « rue Montaigne », la seconde « rue René Dragon ».
I.- Rue Montaigne
Michel de MONTAIGNE naquit le 28 février 1533 au château de MONTAIGNE, en Dordogne et mourut le 13 septembre 1592 au même endroit.
Durant sa jeune enfance, l’éducation de MONTAIGNE est confiée à un précepteur allemand, HORTANUS, qui lui enseigne notamment le latin.
Pensionnaire dès l’âge de 6 ans au collège de Guyenne à BORDEAUX, il suivit ensuite des études de droit à TOULOUSE. Il bénéficie alors de l’enseignement des meilleurs maîtres et assimile brillamment les valeurs humanistes qui y sont dispensées.
MONTAIGNE devient dès lors un partisan de l’humanisme, mouvement d’idées qui culmina en Europe au 16ème siècle et place au‑dessus de toutes les valeurs la personne humaine et la dignité de l’individu.
Il est successivement nommé conseiller à la Cour des Aides de PERIGUEUX en 1554, puis au Parlement de BORDEAUX vers 1557, où il rencontre Etienne de LA BOETIE avec qui il se lie d’une profonde amitié.
En 1562, il participa au siège de ROUEN par lequel les armées royales reprennent la ville aux protestants. C’est là qu’il eut l’opportunité de rencontrer et s’entretenir avec des Indiens ramenés d’Amérique et présentés au roi Charles IX.
Dans un contexte de guerre des religions et d’expansion de l’Europe vers le Nouveau Monde, cette rencontre ainsi que les témoignages de certains de ses contemporains revenus d’expéditions coloniales lui inspirèrent l’un des chapitres des Essais, oeuvre dont il entamera la rédaction en 1571.
MONTAIGNE propose d’inverser la hiérarchie habituelle entre « sauvagerie » et « civilisation », vantant la « naïveté originelle » des Indiens.
Le chapitre « Des Cannibales » montre ainsi la relativité des jugements et exprime une résistance à l’ethnocentrisme européen qui règne à cette époque.
II.- Rue René Dragon
René DRAGON est né le 9 juin 1877, s’est marié en 1913, a fait la guerre de 1914-1918. Il a eu 4 enfants et habitait dans le quartier Saint-Gervais.
Il commence à écrire un « journal » en mai 1940 et, dès le mois de juillet, il y consigne son désir de résister. Pour lui, « l’enjeu de la lutte, c’est la civilisation chrétienne », mais « comment entrer en contact avec ceux qui n’ont pas failli, qui sont restés fidèles à notre esprit (celui du journal « L’Aube ») », « comment communiquer de l’un à l’autre la petite flamme qui embrasera tout un jour ».
Fin 1942, Jean THOMAS entre en rapport avec René DRAGON qui est responsable départemental du Mouvement Résistance. A la fin 1943, il est chargé de préparer la transition administrative et politique qui suivra la Libération, et pour cela de rechercher des gens aptes aux responsabilités.
Il est arrêté le 8 mai 1944 alors qu’il se rend à une réunion du Comité Départemental de Libération. En juin, il est au camp de COMPIEGNE et part le 2 juillet vers DACHAU, où il arrive le 5. Il mourra à FLOSSENBURG, la même année.
Ancien combattant mais européen convaincu, d’un courage tranquille mais fermement opposé à la « Révolution Nationale » de PETAIN, René DRAGON est, pour ses valeurs morales, un exemple pour les générations d’aujourd’hui et de demain.
Il vous est donc proposé :
- de donner le nom « rue Montaigne » à la voie prolongeant au Sud la rue Dumont d’Urville,
- de donner le nom « rue René Dragon » à la voie prolongeant au Sud la rue du Pré de la Bataille.
J’ai donc l’honneur MESDAMES, MESSIEURS, de vous prier de bien vouloir accepter les dénominations qui vous sont proposées.
Si les conclusions de ce rapport recueillent votre accord, je vous propose d’adopter la délibération ci-jointe.
Délibération
VILLE DE ROUEN - CONSEIL MUNICIPAL - SEANCE DU 15 DECEMBRE 2006
DELIBERATION DU CONSEIL MUNICIPAL
VOIE PUBLIQUE
DENOMINATION
RUE MONTAIGNE ET RUE RENE DRAGON
LE CONSEIL MUNICIPAL,
- Sur le rapport de M. Pierre ALBERTINI, Maire,
VU :
- Le Code Général des Collectivités Territoriales,
CONSIDERANT :
- L’intérêt culturel, historique et communal que présente la dénomination, d’une part, de la voie située dans le prolongement Sud de la rue Dumont d’Urville, du nom de « rue Montaigne », et, d’autre part, de la voie située dans le prolongement Sud de la rue du Pré de la Bataille, du nom de « rue René Dragon »,
APRES EN AVOIR DELIBERE :
- accepte la dénomination « rue Montaigne » et la dénomination « rue René Dragon ».
FAIT A ROUEN, en L'HOTEL DE VILLE, les jour, mois et an susdits.
p. extrait conforme
p. LE MAIRE DE ROUEN,suivent les signatures,
par délégation,