Le Café perdu

Chouette, on a retrouvé Le Café perdu : après plus d’un an de fermeture pour des raisons de sécurité suite à un sinistre, le restaurant bien connu du quartier Saint-Marc repart de plus belle. Pas forcément sorti de l’auberge, mais plein d’appétit.
Dans la ville amie de la gastronomie qu’est Rouen, difficile d’imaginer la vie de certains quartiers sans leurs établissements fétiches. Ainsi, du côté des rues Damiette et Eau-de-Robec, La Petite Bouffe ou Le Son du Cor font office d’institutions. Le Café perdu est de la même veine.
Avec le charme de son mobilier de bric et de broc, la force de son emplacement à la jonction de la rue d’Amiens et du passage de la Grande Mesure, Le Café perdu incarne le « resto de proximité » par excellence. Le troquet du coin. Celui de l’angle, en l’occurrence.
Finesse et justesse des goûts, pointe d’originalité créative, modération des prix : Le Café perdu s’était forgé une jolie réputation et tournait bien. Avant la tuile. Le grain de sable qui remet tout en question. Ce dégât des eaux de mars 2024, où la défaillance du chauffe-eau du voisin du dessus a produit « l’équivalent d’un orage dans le restaurant », selon le cogérant Benoît Yon. Replaçons l’incident dans son contexte.
Acte 1. Octobre 2021. Le nouveau Café perdu ouvre ses portes, avec une carte qui associe vin nature et cuisine inventive. Du très frais, des produits de saison, l’accent sur les légumes. Dans l’assiette il y a une volonté de recherche, dans l’ambiance il y a un maximum de simplicité.
Cette formule est signée Benoît Yon et sa compagne Susan Bora, deux habitués des lieux, qui reprennent l’affaire. C’était leur cantine pendant plusieurs années et ils y déjeunaient même tous les midis à l’époque de la patronne Marie-Laure Crespin.
Benoît et Susan conservent l’enseigne « Le Café perdu » pour la continuité de l’histoire de l’endroit. Trois ans auparavant, le couple avait déjà créé La Cave de Bacchus à deux pas de là, au 41 rue Armand-Carrel (à la place du caviste La Cigale curieuse).
Acte 2. Mars 2024. Fermeture du Café perdu pour une durée indéterminée. Un dégât des eaux a révélé la fragilité de la structure : le plafond menace de s’écrouler. Installation d’étais en urgence et mise en sommeil de l’activité. Ce n’est plus un problème de sinistre mais une question de vétusté.
Assurance, bailleur, copropriété, expert, avocat, devis, assemblée générale, redressement judiciaire, deux licenciements économiques… Le parcours du combattant de Benoît Yon et Susan Bora pour sauver leur société n’en finit pas.
Acte 3. Avril 2025. Samedi 26, Le Café perdu reprend du service. 80 personnes sont présentes pour la soirée d’ouverture. Les travaux sont réalisés, le local repeint, la déco retouchée, la bataille judiciaire toujours en cours.
« On a parfois été à deux doigts de jeter l’éponge, confie Benoît. Mais finalement on a choisi de mettre toute l’énergie qu’il nous reste dans la relance du Café perdu. On sait que l’aventure peut s’arrêter début octobre, quand nous repasserons devant le tribunal de commerce, mais je suis confiant. » Le capital sympathie dont jouit Le Café perdu n’est pas étranger à cette décision de ne pas baisser les bras.
« On a rouvert quasiment comme avant. Comme si on avait jamais fermé, en fait. Le midi, un menu deux plats à 22€ ou trois plats à 26€. Le soir, des assiettes à partager. On reprend notre marche en avant, toujours avec une cuisine semi-gastronomique, mais à tendance un peu plus canaille. »
« La nouveauté, c’est le four à pizza de comptoir. Proposer des pizzas, c’était un rêve de gosse ! On a des recettes punchy, qui marient le duo tomate/mozzarella avec le shiitake ou avec une association pont-l’évêque/tome frottée au poiré. Le pâton est fourni par la boulangerie Le Pain levé, qui travaille à 100 % au levain naturel et aux farines bio de blés anciens de l’association Triticum. »
Particulièrement exigeant sur la traçabilité des produits, Le Café perdu affiche sa transparence. La maison s'approvisionne auprès du Min (Marché d’intérêt national) : poissons de Rouen Marée, fruits de Presto’Bio. Quant au café de spécialité, élu meilleur mélange pour expresso de France 2023, il provient de l’artisan torréfacteur Au Bonkawa (Buchy).
Quelles créations en ce moment sur l’ardoise, par le chef Jean-Christophe Alépée ? Bar sauvage/quinoa, boulghour, sarrasin torréfié/crème d’asperges. Avec, en entrée, ceviche et leche de tigre. Il ne faut pas se gêner pour céder à la tentation. En mets, fais ce qu’il te plaît ! Et puis, ce sera un bon geste pour que… Le Café perdure.
Le Café perdu
44 rue d’Amiens
09 72 80 42 14
Ouvert du mercredi au samedi de 12h à 14h et de 19h à 23h
Facebook : www.facebook.com/lecafeperdu/
Instagram : www.instagram.com/lecafeperdu_rouen/