Délibération 0-5 du Vendredi 30 septembre 2011

VILLE DE ROUEN - CONSEIL MUNICIPAL – SEANCE DU 30 SEPTEMBRE 2011

RAPPORT AU CONSEIL MUNICIPAL

SECTEUR AUBETTE-MARTAINVILLE

VOIES NOUVELLES

DENOMINATION

Mme Valérie FOURNEYRON, Maire,

présente le rapport suivant :

MESDAMES,

MESSIEURS,

Le secteur Aubette-Martainville, situé à proximité immédiate du centre hospitalier Charles Nicolle et de la faculté de médecine et pharmacie, reçoit actuellement les travaux d’aménagement de l’opération ROUEN Innovation Santé.

Cette opération, dont la maîtrise d’ouvrage a été transférée à la Communauté de l’agglomération ROUEN–ELBEUF–Austreberthe (C.R.E.A.) en 2010, doit permettre d’accueillir des activités oeuvrant dans le secteur de la santé ainsi que quelques immeubles de logements.

La première phase des aménagements engagée l’année dernière a permis de créer trois nouvelles voies qui permettront de desservir les programmes de logements ainsi que les premiers immeubles d’activités.

Dans l’objectif d’adresser les bâtiments de ce nouveau quartier, et en cohérence avec la vocation spécifique de ce secteur et de sa proximité du Centre Hospitalier Universitaire Régional, la présente délibération vise à dénommer ces trois voies nouvelles du nom de personnalités ayant oeuvré par leur travaux au progrès scientifique et médical.

Les trois personnalités qu’il vous est proposé d’honorer par cette procédure d’odonymie sont :

- Marie CURIE : la dénomination « Rue Marie Curie » est proposée pour la voie desservant le coeur du nouveau secteur,

- Jean DAUSSET : la dénomination « Rue Jean Dausset » est proposée pour la voie reliant, à l’Est du nouveau secteur, la rue Marie Curie et la route de Lyons-la-Forêt,

- Françoise DOLTO : la dénomination « Rue Françoise Dolto » est proposée pour la voie reliant, à l’Ouest du nouveau secteur, la rue Marie Curie et la route de Lyons-la-Forêt.

Le Centre Hospitalier Universitaire de ROUEN, sollicité le 19 mai dernier, a d’ores et déjà exprimé son avis très favorable sur ces trois propositions.

1.- Rue Marie Curie

Marie CURIE, de son nom de naissance Marya Salomea SKLODOWSKA, épouse de Pierre CURIE, est née le 7 novembre 1867 à VARSOVIE, en Pologne.

Fille d’enseignants, elle émigre à PARIS à 24 ans et s’inscrit à l’université de la Sorbonne où elle suit brillamment des cours de physique et de mathématiques. En intégrant le laboratoire du professeur LIPMANN, elle poursuit des recherches qui l’amèneront à rencontrer Pierre CURIE, physicien déjà célèbre à 35 ans, avec qui elle se marie en juillet 1895.

Aidée par son mari, Marie s'efforce alors de découvrir les propriétés radioactives de certains éléments. Elle découvre le polonium en juillet 1898, puis le radium en décembre de la même année. Le 25 juin 1903, Marie soutient sa thèse titrée « Recherches sur les substances radioactives ». En novembre, la médaille Davy lui est décernée par la Société Royale de LONDRES et, le 10 décembre, les époux CURIE reçoivent, conjointement avec Henri BECQUEREL, le prix Nobel de physique.

Après le décès accidentel de Pierre CURIE en avril 1906, Marie est nommée chargée de cours à la Sorbonne, dans la chaire de physique occupée précédemment par son mari. Elle devient ainsi la première femme de France à accéder, dans l'enseignement supérieur, à un poste de professeur.

Elle obtient le prix Nobel de chimie en 1911 et, en 1914, elle crée l'institut du radium. Quand survient la Première Guerre mondiale, Marie comprend qu'il faut utiliser les progrès de la science, et en particulier les rayons X, pour soigner les blessés.

En emmenant sur le front des appareils à rayon X, des milliers de blessés ont ainsi été secourus. La paix retrouvée, Marie rédige un ouvrage sur « la radioactivité et la guerre », montrant l'ampleur que peuvent prendre, dans certaines circonstances, des applications inattendues de découvertes, initialement purement scientifiques.

En 1922, une fondation Pierre CURIE est créée en vue du développement d´applications thérapeutiques pour le traitement des cancers. Cette fondation fusionnera avec l´institut du radium pour devenir l´institut Curie.

Marie CURIE meurt des suites d'une leucémie le 4 juillet 1934. Elle demeure la seule femme à avoir reçu deux prix Nobel.

Il convient de noter qu’une rue Pierre Curie existe à ROUEN, dans le secteur du jardin des Plantes.

2.- Rue Jean Dausset

Jean DAUSSET, né le 19 octobre 1916 à TOULOUSE, est un immunologue français, prix Nobel de physiologie ou médecine en 1980. Il est le codécouvreur en 1958 du complexe majeur d'histocompatibilité, aux côtés de Baruj BENACERRAF et George SNELL, qui permet aujourd'hui de connaître la compatibilité entre donneur et receveur pour une greffe d’organe.

Il commence des études de médecine à PARIS, qu'il doit suspendre en 1939, et participe à la fin de la Deuxième Guerre mondiale avec l'armée française de la Libération. A la fin de la guerre, il effectue ses premières recherches sur la transfusion sanguine.

Il est par la suite nommé assistant, puis professeur d'hématologie à la faculté de médecine de PARIS, en 1963. Il fait pendant de longues années des recherches en immunologie, afin de montrer le lien entre l'histocompatibilité et le taux de rejet des greffes. Il découvre en 1958 le complexe majeur d'histocompatibilité ou C.M.H.

Il fut président fondateur de l'association France Transplant. Jean DAUSSET a créé une fondation, le Centre d'Etude du Polymorphisme Humain (C.E.P.H.), qui travaille au décryptage du génome humain. Il s'est éteint le 6 juin 2009 à PALMA DE MAJORQUE.

Outre ses activités scientifiques, Jean DAUSSET s'est impliqué dans des domaines divers, aussi bien artistiques que sociétaux.

Il a participé très activement, avec le professeur Robert DEBRE, à la réforme du système médical français et à la création des centres hospitaliers universitaires (1955-1958). Il fut président du Mouvement Universel de la Responsabilité Scientifique, dont la mission est d’évaluer les bénéfices ou les risques que la science peut entraîner (1984-2001). Dans ce cadre, Jean DAUSSET s'est élevé contre la commercialisation des organes humains et la brevetabilité des gènes humains.

3. Rue Françoise Dolto

Françoise DOLTO, née Françoise MARETTE le 6 novembre 1908 à PARIS, est une pédiatre et psychanalyste française spécialisée dans la psychanalyse de l'enfance, dont elle fut une des pionnières.

Très jeune, elle parle de devenir « médecin d'éducation », avant de commencer des études d’infirmière, puis en 1932 des études de médecine, et entreprend sa propre psychanalyse avec le professeur René LAFORGUE. En 1939, sur les conseils de celui‑ci, elle devient membre adhérente de la Société Psychanalytique de PARIS et, dans la même année, elle soutient sa thèse « Psychanalyse et pédiatrie ».

A partir de 1940, elle a en charge une consultation d’enfants à l’hôpital Trousseau, consultation qu’elle tiendra jusqu’en 1978.

En 1953, Françoise DOLTO fonde avec Jacques LACAN, Daniel LAGACHE et Juliette FAVEZ BOUTONNIER, la Société Française de Psychanalyse. En 1964, elle suit Jacques LACAN lors de la création de l'Ecole Freudienne de PARIS. En 1980, Françoise DOLTo fonde avec d’autres « la Maison Verte », lieu de socialisation précoce où tout enfant est accueilli par une équipe de trois personnes, dont un psychanalyste. Elle décède le 25 août 1988.

Françoise DOLTO développa une théorie et une clinique novatrices se basant sur l'écoute des singularités du développement de l'enfant. Elle défendit tout au long de sa carrière l'idée que l'individu est un sujet à part entière dès son plus jeune âge et que l'enfance a ainsi un rôle fondamental pour le développement de l'individu.

Compte tenu de leur participation au progrès scientifique et médical au cours du XXème siècle, il vous est donc proposé d’honorer ces trois personnalités en dénommant « Rue Marie Curie », « Rue Jean Dausset » et « Rue Françoise Dolto » les trois voies nouvelles du secteur Aubette-Martainville, tel qu’elles figurent sur le plan ci-joint.

J’ai donc l’honneur MESDAMES, MESSIEURS, de vous demander de bien vouloir accepter les dénominations qui vous sont proposées.

Si les conclusions de ce rapport recueillent votre accord, je vous propose d’adopter la délibération ci-jointe.